Assurance climatique
Aller au delà d'un agriculteur sur 2 assuré en Sarthe
Lundi à Sillé-le-Guillaume, la Préfecture et la Chambre d'agriculture se sont associées pour une après-midi de débat et de promotion de l'assurance multirisque climatique (MRC), qu'un agriculteur sarthois sur deux a souscrit.
L'endroit n'a pas été choisi au hasard : le nord ouest de la Sarthe avait subi un violent orage de grêle le 25 juin dernier, juste avant la moisson, entraînant pour certains de pertes de récoltes jusqu'à 80 %. Face à la multiplication des aléas climatiques, la profession et l'Etat ont souhaité, lors de cet exercice à vocation pédagogique, mettre en avant et essayer de convaincre les agriculteurs de l'intérêt de souscrire à l'assurance MRC, réformée en 2023, mais aussi plus globalement de travailler sur tous les leviers, économiques, financiers, fiscaux, agronomiques, etc. "Il est impératif que chacun prenne conscience de cette problématique de vulnérabilité de son exploitation vis-à-vis du changement climatique, et travaille sur la résilience pour assurer son avenir économique." exhortait le président de la Chambre d'agriculture Philippe Dutertre, en préambule. Vision partagée par le préfet Sébastien Jallet, qui tout en se félicitant de "la dynamique encourageante en Sarthe", où près de la moitié des déclarants PAC ont souscrit une assurance MRC en 2025, recouvrant 40 % des surfaces cultivées, "soit presque 2 fois plus que la moyenne du pays", constatait dans le même temps "un certain essoufflement" depuis un an et demi. Et de poursuivre : "Jusqu'à présent, on pouvait être dans un calcul un peu rationnel, en faisant la balance du coût de l'assurance et du risque encouru, et se dire parfois que le risque valait d'être assumé. Je crois qu'aujourd'hui le raisonnement est très différent, pour deux raisons. La première est que l'assurance est aujourd'hui subventionnée à hauteur de 70 % sur les crédits de la PAC, et ça change tout. La deuxième raison, c'est qu'on a le changement climatique qui est là. Vous êtes les premières victimes, et on le voit sur les dégrèvements d'office qu'on a déclenchés en Sarthe en 2025 (lire encadré ci-dessous, NDLR), mais aussi en 2024 et en 2022, donc 3 années sur les 4."
Témoignages
Pour finir d'assoir l'argumentaire, à l'heure où les agriculteurs doivent souscrire leur assurance avant le 31 décembre (pour les cultures d'automnes), deux agriculteurs ayant subi la grêle sont venus témoigner lors d'une table ronde, Lionel Lenoir de Mont Saint Jean et Frédéric Cosson de St Aubin de Locquenay. Tout deux ont subi des pertes importantes lors de l'orage du 25 juin, et de la sécheresse qui s'en est suivie. La différence est que Lionel n'était pas assuré et a dû piocher dans sa trésorerie les 50 000 € de pertes de récoltes subies, quand Frédéric, lui, était assuré MRC, et va bénéficier d'un remboursement de son assureur d'environ 50 000 €. "Bien sûr, quand on cotise et qu'il ne se passe rien, on peut avoir l'impression de cotiser à fonds perdus, mais on constate depuis quelques années qu'on active l'assurance une année sur trois" témoignait ce dernier. Pour un coût net estimé aux alentours de 25 € de l'ha après aide PAC, l'éleveur considère cela comme "une vraie sécurité dont il serait dommage de se priver". La souplesse du système, depuis la réforme de 2023, permet en outre de faire varier la franchise (entre 20 et 30 %), le rendement assuré (entre 70 et 100 % du rendement historique) et le prix assuré (plafonné à 120 % du barème) pour s'adapter à chaque situation individuelle, même si dans la salle, plusieurs voix s'élevaient pour réclamer "une réactualisation" de ces barèmes. Le directeur de la DDT, Marc Severac, annonçait par ailleurs de son côté une négociation en cours à l'échelle européenne, qui permettrait d'allonger la période de référence de 5 à 8 ans pour le calcul de la moyenne olympique, souvent mise en avant par les agriculteurs comme trop restrictive dans un contexte de baisse tendancielle des rendements liée précisément... aux aléas.