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Après le coup de tampon, le coup de balai

Alors que sa suppression dans sa forme actuelle a été actée, nous avons assisté à une session collective du Conseil stratégique phytosanitaire (CSP) organisée par la Chambre d'agriculture et menée par Anne Proust et Cecilia Moltrasio, conseillères agronomie. 

Depuis le 1er janvier, toute exploitation (hors bio, HVE et petites structures exemptées) devait justifier de la réalisation d'un Conseil stratégique phytosanitaire (CSP) sous peine d'un rappel à la réglementation. Les agriculteurs dont le Certiphyto arrivait à échéance en 2024, et au-delà, étaient dans l'impossibilité de le renouveler sans la justification d'un CSP. Avec triptyque radical: pas de certiphyto = pas d'achat de phytos = pas de traitements. Par période de cinq ans, les agriculteurs devaient se soumettre à deux CSP avec un intervalle de trois ans entre les conseils. Rappelons enfin que le CSP est une émanation de la loi Egalim instaurant la séparation du conseil et de la vente de produits phytos, entrée en vigueur en 2021, une interdiction évidemment peu respectée. "Mon fournisseur technico-commercial continue à me donner une feuille de route des traitements, cela n'a rien changé dans les faits", nous a confié un éleveur. 

Mais cela, c'était avant... Le 1er février, le gouvernement s'est engagé "à travailler à un conseil réformé, simple et sans surcharge administrative." Le CSP pourrait même être fusionné avec le Certiphyto.   

Nous avons donc assisté à une des dernières sessions CSP dans son ancienne forme. Les cinq agriculteurs présents ce jour-là étaient d'emblée d'accord sur un point : il s'agissait d'une contrainte supplémentaire dans le mille-feuilles règlementaire. "On vit dans l'angoisse des contrôles, lance Benoît Besnard, céréalier à Commerveil. Or, cela fait longtemps que l'on fait évoluer nos traitements, en essayant de rester efficaces et en en faisant moins." A 58 ans, Alain Lecomte, également céréalier (à Tuffé) attend la retraite, non pas à cause de l'usure physique mais de la saturation administrative. "J'ai subi deux contrôles en un an pour les registres phytos. Mon fournisseur m'avait conseillé de mettre un insecticide avec deux huiles adjuvantes végétales. Or, le contrôleur m'a fait remarquer que celles-ci ne pouvaient être utilisées qu'avec un herbicide. Résultat: même pas un avertissement mais 1 500 € de pénalité. C'est comme une déclaration d'impôts qui comporte une erreur de votre comptable. C'est vous le responsable... Deuxième contrôle après les moissons sur le stockage. Le contrôleur prélève un échantillon de colza et de blé. J'ai reçu les résultats en janvier. Je suis dans les règles... Mais c'est de l'acharnement. Les paquets de céréales étaient scellés comme si on était des gangsters."

" Ce n'est pas simple de capter l'attention des gens qui viennent par obligation " 

Le CSP s'est déroulé en deux temps : une partie diagnostic de l'exploitation avec ses pratiques et problématiques et une autre sur des leviers d'action. "L'objectif n'est pas d'imposer des choses qui ne seraient pas adaptées à l'exploitation mais de tenter d'améliorer votre système, souligne Anne Proust. Cela passe par la réduction des phytos ou l'utilisation de nouveaux leviers agro-écologiques ou même phytos en complément des traitements déjà mis en place. Ce sont des tests, des choses faisables qui ne feront pas l'objet de contrôles." En 2023, la Chambre d'agriculture de la Sarthe a organisé une vingtaine de sessions collectives, dont cinq en décembre, et accompagné 500 exploitations depuis fin 2022. Des entreprises de conseil comme Seenovia sont également habilitées à le faire valider.    

Semer en décalé, privilégier les rotations ou déchaumer superficiellement ont fait partie des conseils donnés aux agriculteurs. "Sur les ray-grass et vulpins, dont la durée de germination est de 3 à 5 ans, il faut travailler le sol superficiellement. Ils germeront dans les 3-5 cm en profondeur préférentielle. En revanche, un déchaumage profond en septembre augmentera de deux fois la levée des ray-grass : 700 contre 350 pour un déchaumage superficiel." Pour le vulpin (profondeur optimale de germination de 1,5 cm), un déchaumage début octobre favorisera la levée. 

A l'heure du bilan de la journée, les visages des agriculteurs étaient plus détendus qu'à leur arrivée. "Je n'ai pas ces problématiques de ray-grass ou vulpin comme mes collègues céréaliers présents aussi aujourd'hui, a souligné Bertrand Landrein, producteur de lait à Chaufour-notre-Dame. En revanche, a été évoqué le choix des buses, chose sur laquelle je dois me concentrer davantage. Je ne suis pas assez calé en pression, quantité d'eau... Je suis également très satisfait de l'intervention des conseillères car il s'agit d'un sujet qui ne passionne personne. Ce n'est pas simple de capter l'attention des gens qui viennent par obligation pour valider un papier." Plus qu'un coup de tampon donc. Mais le ministère de l'Agriculture a donc jugé que le déploiement du CSP était "limité" sur le terrain. En cause, un développement de conseil "insuffisant"...

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