Sanitaire
Dermatose nodulaire contagieuse :
des règles de biosécurité drastiques
des règles de biosécurité drastiques
Avec 21 foyers détectés en France au 14 juillet, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), maladie bovine virale hautement contagieuse, suscite une vive inquiétude. Une large zone de surveillance a été instaurée, mais au-delà des foyers identifiés, les éleveurs sont appelés à renforcer leur vigilance, notamment lors des achats d'animaux.


Après la détection de cas en Italie, la survenue du premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bovine en Savoie le 29 juin, suivi de plusieurs autres cas confirmés en Savoie et Haute-Savoie, entraîne des conséquences graves pour l'élevage de cette région. Les risques de propagation à d'autres régions voisines sont importants.
Mise en place d'une zone réglementée
Une zone réglementée a été mise en place en France, comprenant une zone de protection de 20 km autour des foyers et une zone de surveillance de 50 km. La zone de surveillance couvre les départements de la Savoie, de la Haute-Savoie, de l'Ain et de l'Isère.
Cette maladie virale spécifiquement bovine d'origine africaine non transmissible à l'homme est extrêmement contagieuse en été via la piqûre de mouches stomoxes piqueuses et autres insectes piqueurs hématophages (transmission vectorielle mécanique comme pour la besnoitiose) : le virus est présent dans les lésions crouteuses cutanées qui peuvent être disséminées sur tout le corps. Ces nodules sont la cible des insectes piqueurs et sont donc la principale source de transmission du virus d'animal à animal.
Des signes cliniques spectaculaires sur la peau
Après une période d'incubation de 4 à 14 jours, les signes cliniques principaux sont l'hyperthermie (>40°C) durant plus de 15 jours, l'abattement, une perte d'appétit, des multiples nodules sous-cutanés de 1 à 5 cm, du larmoiement, du jetage et de la salivation, des boiteries, des œdèmes sévères des membres, des ulcères des muqueuses oculaires et buccales. Des surinfections bactériennes peuvent compliquer le tableau clinique. Des mortalités aiguës peuvent survenir. Des pertes de lactation importantes sont possibles. Les nodules sous cutanés s'indurent ou se nécrosent en deux à cinq semaines.
La DNC est une maladie à déclaration obligatoire contre laquelle des mesures d'éradication immédiate sont obligatoires. Les foyers doivent donc être dépeuplés par euthanasie sur place et destruction des cadavres.
Mesures de lutte
En attendant, voici les mesures de lutte extrêmement strictes dans la zone réglementée.
Pour les élevages concernés :
- maintien des bovins à l'écart des autres espèces détenues ;
- interdiction de l'épandage du fumier ;
- enquête épidémiologique ;
- lutte contre les insectes présents en bâtiment et aux abords ;
- limitation de l'accès des élevages aux personnes indispensables à leur conduite qui doivent porter des vêtements de protection à usage unique ;
- nettoyage, désinfection et désinsectisation des moyens de transport et les équipements à l'entrée et à la sortie des élevages.
Des mesures de surveillance sanitaire accrue :
- un échantillon d'établissements de bovins situés dans la zone de surveillance fera l'objet de visites vétérinaires pour contrôler l'état sanitaire des animaux par examen clinique, vérifier le registre d'élevage et le cas échéant réaliser des prélèvements dans la zone de surveillance.
- signalisation de toute apparition de signes indicateurs de DNC à la DDETSPP.
Des mesures de limitation des mouvements d'animaux :
- interdiction des mouvements de bovins et d'animaux sensibles à la DNC (notamment pas de ramassage des veaux et des broutards), dérogation possible pour l'envoi dans un abattoir de la zone réglementée ou très proche ;
- interdiction des mouvements de semence bovine ;
- interdiction des comices, marchés, foires, rassemblements... ;
- interdiction d'utilisation du lait en alimentation animale.
En cas de suspicion de DNC, les éleveurs doivent prévenir sans délai leur vétérinaire sanitaire.
Le diagnostic de certitude repose par détection du virus par PCR sur biopsie cutanée, par PCR sur sang total en phase fébrile ou par sérologie envoyé au laboratoire de référence à Montpellier.
La situation aujourd'hui est très lourde pour les élevages concernés. Les services de l'État, les GDS et la profession se mobilisent pour aider à la gestion des foyers et pour apporter des réponses opérationnelles aux éleveurs alpins. La DNC est une maladie à intégrer dans la vigilance générale, notamment lors d'achat d'animaux, quel que soit le département d'origine, qui est de mise dans une période de risques sanitaires multiples.