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ACS
"La parcelle est une éponge"

VivAgri Sarthe, la Chambre d'Agriculture et l'EPTB* ont organisé une matinée ACS avec les témoignages de Jean-François Huet et Guillaume Lamier.

"Accompagner les agriculteurs vers de nouveaux modèles prenant davantage l'agronomie. Nous avons choisi Panvert car il s'agit d'une zone de captage très sensible en matière de qualité de l'eau, or les outils que nous mettons en place montrent aux syndicats d'eau, à l'Agence de l'eau amélioreront l'eau de demain." C'est en ses termes que Philippe Dutertre, vice-président de la Chambre d'agriculture, a introduit cette demi-journée placée sous le signe de l'agriculture de conservation. Initialement prévue dans une parcelle de Jean-François Huet à Saosnes, la pluie a transformé le bout de champ en conférence à l'abri. L'agriculteur en polyculture/bovin viande a pu néanmoins dévoiler ses résultats d'essai sur un champ de luzerne datant de cinq ans et sur lequel a été implanté de l'orge, l'objectif étant de préserver la luzerne en-dessous de l'orge. S'est ajouté un essai de fertilisation où la dose d'azote a été fractionnée. "Sur de vieilles luzernes, des essais démontrent que l'on pourrait se retrouver avec beaucoup plus de relargages d'azote que sur une luzerne jeune", souligne Alexandre Hatet, conseiller agronomie à la Chambre d'agriculture. Sur la parcelle à l'essai, Jean-François Huet n'est plus tout à fait en semis direct : "J'ai voulu conserver la luzerne plus longtemps pour ne pas la choquer avec des traitements. Avant le semis, je l'ai scalpée. Il y a donc eu un travail superficiel pour qu'elle ne subisse pas les phytos. Au bout de cinq ans, elle est bien vigoureuse. Il y a deux ans, je n'ai pu moissonner que les épis. Mais la principale difficulté sur cet essai, ce sont les limaces. Et on a une perte de semis assez importante." Dans l'assistance, Maxime Lorieux, lequel est lui-même doté d'un semoir de couverts et pratique l'ACS depuis peu, interroge: "On nous parle beaucoup d'ACS mais ne se voile-t-on pas la face sur ses effets ?" Philippe Dutertre, spécialiste de ce modèle à Chemiré-le-Gaudin, répond: "Un vieil oncle me disait souvent que je n'avais rien inventé, que lui-même labourait de la moutarde avec ses chevaux. Sauf que la mécanisation, par la suite, a dilué voire brûlé la matière organique en labourant plus profond. Pour corriger cette structure tassée, rapporter de la matière organique et de la verticalité est important. Il ne faudrait pas un retour en arrière. Il s'agit donc de modifier un peu son système: plus de pâturages, moins de passages de tonnes à lisier par exemple. Mais je sais pas que ce n'est pas évident. Notamment à cause de la règlementation qui impose des dates d'épandages ne correspondent pas aux dates agronomiques. Mettre du lisier ou du fumier sur un couvert est pourtant parfois plus intéressant que de vider la fosse sur du maïs au printemps." Partisan de l'ACS depuis vingt ans, Guillaume Lamier (Pervenchères, 61) synthétise : "Au bout de cinq ou six ans, l'ACS peut être vraiment une voie, mais non sans contraintes supplémentaires, notamment avec le trafic sur les parcelles." L'éleveur de volailles hors-sol, exploite certains sols très argileux: "C'est une chance. Avec un semis direct, cela se travaille tout seul."  Il met en place systématiquement des couverts entre blé et orge, notamment avec du trèfle (5 kg) implanté dans du colza (35 pieds/m2).

"Le trèfle fait le travail d'une herse rotative"

"En limitant les adventices, le trèfle fait le travail d'une herse rotative et économise donc des dépenses énergétiques", affirme Alexandre Hatet. En outre, Guillaume Lamier estime avoir gagné en moyenne 2% de matière organique en vingt ans. "J'exporte toutes mes pailles, par contre on ramène de l'effluent, du couvert et du maïs grain." A Saosnes, il y a deux ans, Guillaume Lamier a repris des terres avec beaucoup de matières organiques (5,3 %) et constate le fameux effet "couscous" avec une terre très souple et aérée: "Au bout de deux ans, la parcelle est comme une éponge. Quand on en ressort, les bottes sont propres." Il dispose aussi des parcelles en pente à Suré (61) sans problèmes d'érosion. "L'eau coule mais pas la terre." L'éleveur se dit "passionné" par l'ACS mais est avant tout guidé par les revenus qui en découlent. Un exemple qui conforte le discours incitateur d'Alexandre Hatet: "Quel agriculteur aujourd'hui ne conçoit pas de faire des couverts pour la structure de ses sols? Cela ne rapporte pas de l'argent dans le portefeuille immédiatement mais dans le capital du sol, c'est certain. Notamment en réduisant les coûts pour celui-ci. Et encore, nous n'avons pas encore exploré les leviers du mélange des espèces et des nouvelles cultures. L'élevage est aussi un gros débouché pour les sols car il va offrir de nouvelles possibilités en intégrant des méteils, des légumineuses ou des protéagineux..." 

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