Transmission

La Région se penche sur la pérennité

Cormes, 1900 hectares, neuf exploitations et une seule laitière, celle de Steven Lesourd et Emmanuel Bellanger, président du Comice de la Ferté-Bernard. C’est au sein de leur GAEC, habitué aux lauriers du SIA dans la catégorie Normande, que Christelle Morançais a échangé avec une dizaine d’agriculteurs de l’Huisne Sarthoise la semaine le 15 juin. La présidente de la Région a dans un premier sondé l’assistance sur les “blocages” qui entravent la transmission. “La volatilité du marché rebute beaucoup de jeunes à s’installer, pense Lucas Paris, installé depuis sept mois à Saint-Martin-des-Monts. Un BPAE qui veut se lancer dans une ferme à taille humaine mais qui ne remplit pas toutes les cases du conventionnel n’est pas suivi par les partenaires bancaires. Personnellement, je suis parti sur un projet atypique qui me faisait rêver en me lançant sur une race menacée (Saosnoise). Heureusement que j’ai travaillé auparavant dix ans pour financer mon cheptel car cela a rassuré ma banque.” Fabien Jaulneau, éleveur de Limousines à Saint-Ulphace, a quant à lui confié: “Cela fait onze ans que je suis installé et je commence seulement à retomber sur mes jambes; Or, aujourd’hui, on demande aux jeunes une vision sur cinq ans alors que la conjoncture fait que l’on ne sait même pas comment on va être mangé d’une année sur l’autre.” Emmanuel Bois, 56 ans, (60 VL, SAU de 200 ha) à la Ferté-Bernard, “se penche” déjà sur sa transmission : “Personnellement, j’ai eu la chance de reprendre derrière mes parents mais je serai la troisième et dernière génération car mes enfants n’en reprendront pas, nous a t-il confessé. Mais j’ai bon espoir. C’est moins facile aujourd’hui pour les jeunes mais ils montrent une belle motivation et joignent leurs forces, en s’installant à deux par exemple.” L’Huisne sarthoise compte environ 250 exploitations et 350 chefs d’exploitations, Alors qu’une centaine d’entre ont entre 55 et 65 ans, ce territoire se prépare donc, comme les autres, au choc de la transmission prévu dans les cinq-dix ans à venir. 

“Mener le combat de la communication”, Christelle Morançais

Isabelle Morançais a par la suite exhorté l’assistance à “mener le combat de la communication. Dans l’agriculture, tout n’est pas blanc ou noir. Il ne faut pas se laisser abattre par la minorité de gens qui pratique l’agri-bashing. Nous avons l’agriculture la plus durable du monde. Il vous faut juste plus d’Etienne Fourmont pour le dire au grand public.” Un avis que partage Emmanuel Bois, tout en nuançant :“Cela fait trente ans que nous faisons de la mise aux normes, que l’on répond aux exigences de qualité, de bien-être animal… Tout le monde s’accorde à dire que nous avons la plus belle agriculture du monde. Ce n’est peut-être pas à nous de trouver encore du temps pour le répéter tous les jours sur les réseaux sociaux.” Lancé en 2021, Territoires Pilotes Transmission est un programme expérimental financé par la Chambre d’agriculture (à 50%), la Région (à 30%) et les Communautés des communes (à 20 %) et destiné à développer des actions pour la transmission dans une dizaine de territoires ligériens. L'aide financière régionale maximale est de 24 000 € par territoire et par an avec un taux d'aide publique de 50%. La somme est versée aux organisations agricoles qui travaillent sur chaque territoire en lien avec l'EPCI (Etablissement public de coopération intercommunale).   L’Huisne Sarthoise a été le premier secteur pilote choisi dans la Sarthe, rejoint il y a peu par Le Mans Métropole. A l’heure des premiers bilans des actions menées dans l’Huisne Sarthoise auprès des dix candidats cédants suivis par la Chambre, coordinatrice du projet (sept autres le sont par le GAB), Isabelle Guinaudeau, conseillère transmission à la CA, souligne que cinq dossiers se sont montrés “ouverts” aux premiers des six plans d’action. Le forum transmission en novembre 2022 avait inauguré la série et rassemblé 22 agriculteurs et 27 partenaires : SAFER, JA etc… “Il s’agit avant tout de rassembler toutes les forces vives des acteurs de la transmission autour d’un cédant et d’un porteur de projet”. La semaine dernière, c’est l’échange parcellaire qui a été mis en avec deux réunions à la CUMA de la Monge à la Ferté-Bernard et à Montmirail. “ On a pu dessiner aux seize participants des scénarios qui peuvent permettre aux exploitations de réduire les coûts de production.” En novembre, un séminaire est prévu pendant la Quinzaine de la transmission-reprise alors qu’une dernière action portera sur l’accompagnement de dix porteurs de projets. “Les bilans de ces expérimentations seront alors exposés et, nous l’espérons, destinés à être reproduits. Le but est de porter le taux de renouvellement de 55 % à 65 %, ou au moins de le maintenir… ”