Transmission
La transmission par la parole libérée du théâtre
Une pièce de théâtre interactive sur le sujet de la transmission a été organisée par la MSA mardi. Objectif principal : fluidifier la communication entre cédant et candidat. Sur la scène de Douillet-le-Joly, cela a "matché". Alors pourquoi pas dans la vraie vie ?
Une pièce de théâtre interactive sur le sujet de la transmission a été organisée par la MSA mardi. Objectif principal : fluidifier la communication entre cédant et candidat. Sur la scène de Douillet-le-Joly, cela a "matché". Alors pourquoi pas dans la vraie vie ?
Une exploitation ne se transmet pas aussi facilement qu'un passage de relais entre deux coureurs jamaïcains. Le processus est long, complexe, parfois source d'incompréhensions entre deux générations qui ne voient pas le métier de la même façon. Nourrir le lien entre les accédants et les cédants est donc primordial. Avec la participation de la Chambre d'agriculture, la MSA s'est appuyée sur un spectacle théâtral ("Qui veut être mon repreneur?") pour insister sur cette nécessité dans la salle des fêtes de Douillet-le-Joly. Ce fut déjà le cas l'an passé à Marolles-les-Braults mais cette fois avec un "public-cible" jeune puisque une bonne trentaine d'élèves de la MFR de Bernay a été conviée à cette matinée d'échange ludique.
Neuf mois de préparation pour ce spectacle
"L'année dernière, nous n'avions eu qu'un public senior, donc peu concerné par la transmission, a expliqué Gladys Le Bihan, conseillère animation développement des territoires à la MSA. Cette fois, le public était captif avec les élèves de la MFR mais aussi quelques cédants. L'objectif a été davantage atteint avec 80 personnes présentes." Et le mérite en revient en grande partie aux deux comédiennes professionnelles mancelles (Lyse Poisson et Adélie Truillet) qui ont créé ce spectacle de A à Z après neuf mois de travail et d'immersion dans un monde qu'elles ne connaissaient pas. Une agricultrice souhaite transmettre à sa fille mais celle-ci lui oppose finalement son refus : "Je voudrais être artiste, architecte, j'en ai marre d'avoir les pieds dans la boue !" Un crève-coeur pour la mère : "Tu ne te rends pas compte que cette ferme, c'est un héritage... Qu'un inconnu arrive ici..." C'en est trop et, telle Sarah Bernhardt, elle s'écroule de douleur, suscitant les rires de la salle. Sondé par les deux comédiennes, le public approuve pourtant à l'unanimité le choix de la jeune fille de "faire ce qu'elle veut de sa vie."
Des candidats à coté de la plaque...
La néo-cédante se résout donc à se tourner vers des candidats non issus du milieu agricole, pour trouver "la perle rare". Cerise se présente en premier avec comme projet... "un gîte écologique qui permettra d'organiser des séminaires de reconnexion à la nature" (sic). Passez le tour. Tout comme Thimothée (ex-exploitant dans la vraie vie) qui joue le rôle d'un designer dans la haute couture en reconversion après un burn-out. La caricature est volontairement poussée à l'extrême. Une fille d'agriculteur semble faire l'affaire mais veut s'installer en chèvre. Les deux comédiennes enfoncent des portes ouvertes avec le rire pour bien faire passer le message : une reprise d'exploitation ne se fait pas en un claquement de doigts. Les cédants, présents dans l'assistance, le confirment: "Il faut un minimum d'expérience et de bagage" pour l'aspirant.
... mais un cédant "idéal" est rare aussi
De son côté, le cédant "ne doit pas chercher absolument le candidat idéal et être ouvert sur des évolutions dans l'exploitation." Ce qui n'est pas encore le cas de notre agricultrice comédienne : "Avec Antoine, on a mis en place quelque chose qui fonctionne, alors autant ne toucher à rien. Après, tu fais comme tu veux...". Histoire de dire qu'il n'y a pas non plus forcément de cédant "idéal". Après le spectacle, deux cédants et une repreneuse ont évoqué leur expérience puis plusieurs stands d'information ont permis d'échanger avec la Chambre d'agriculture, les Jeunes Agriculteurs, Agri Emploi 72 ou encore le Réseau des Veilleurs, partenaire du projet.