Mobilisation
Les agriculteurs chez le préfet : dernière étape avant Bruxelles
A la veille de la grande mobilisation européenne à Bruxelles, la FDSEA et JA Sarthe mobilisaient une centaine d'adhérents et 20 tracteurs mardi soir devant les grilles de la Préfecture.
Cette mobilisation a permis d'interpeller le préfet de la Sarthe, qui s'est présenté devant les agriculteurs et les a écouté se passer le micro les uns après les autres pour lui faire part de ce qui ne va pas. Il a entendu leur colère et leurs inquiétudes sur notamment les trois urgences qui menacent l'avenir de l'agriculture française et européenne : les accords de libre-échange du Mercosur, le budget de la Pac, et l'empilement des normes, notamment la nouvelle taxe carbone sur les engrais.
Refus du Mercosur : halte à la concurrence déloyale
Les agriculteurs ont dénoncé l'imminence de l'accord avec le Mercosur, qui ferait de l'agriculture la " monnaie d'échange " des négociations commerciales. Et les exemples sont criants : l'importation de viande bovine élevée aux hormones, de poulet lavé au chlore ou de sucre traité avec des molécules interdites chez nous. "Aujourd'hui, on importe un poulet sur deux, un poulet sur deux qui nous vient d'ailleurs pour alimenter nos cantines, pour alimenter notre restauration collective. C'est pas normal. C'est une façon de dire qu'on ne respecte pas les agriculteurs!" a alerté Isabelle Leballeur. Malgré l'assurance du Préfet que la position française est de refuser l'accord s'il ne comprend pas des clauses miroir et des contrôles sanitaires garantis, la profession reste sceptique sur leur application réelle.
Le combat pour une PAC de production
Le financement de la future PAC était aussi au cœur des préoccupations mardi soir. La FDSEA et les JA refusent catégoriquement la baisse de -20 % du budget envisagée, exigeant une PAC de production pour garantir la survie du modèle de polyculture-élevage. Pour Alexis Vaugarny, "diminuer le budget de la PAC, c'est condamner des élevages, des agriculteurs, des transmissions, c'est également condamner des jeunes à ne pas s'installer. Ce n'est pas acceptable."
MACF : le péril de la taxe carbone sur les engrais
Le troisième point de friction majeur est la nouvelle Taxe carbone aux frontières (MACF) sur les engrais, dont l'impact est estimé à 140 € la tonne dès le 1er janvier. Les agriculteurs demandent sa suspension immédiate. Au-delà du coût, non répercutable, ils craignent une conséquence stratégique : "La réduction de l'apport en azote ferait chuter le taux de protéine des blés, menaçant la qualité du blé panifiable français et risquant de transformer le pays en importateur net de blé" a exprimé Benoît Ragaigne. Dominique Rousseau soulignait avec gravité : "On est pour la première fois depuis 40 ans en déficit de production agricole. C'est dramatique ! L'enjeu est de réarmer l'agriculture française... pour garantir que le pays soit capable de nourrir sa population en cas de crise."
De la Sarthe à Bruxelles : le compte à rebours est lancé !
Avant de se disperser, les manifestants ont remis leurs revendications écrites au préfet et ont accroché des boules de Noël revendicatives sur les grilles de la Préfecture, s'assurant que les préoccupations sarthoises seront transmises au Gouvernement. Denis Pineau a rappelé les enjeux : "On a besoin de mobilisation à Bruxelles. Les agriculteurs français et européens doivent être présents en masse le 18 décembre prochain pour défendre l'agriculture de production. Il en va de notre souveraineté alimentaire !" Dans la soirée, l'opération "sapins de Noël" a pris le relais. Les agriculteurs sont repartis pour installer des sapins et des décorations devant les radars, "pour montrer à l'État ce que cela implique de perdre de l'argent" a affirmé Maxime Guimbreteau. Cette mobilisation départementale était la dernière ligne droite avant le rendez-vous crucial à Bruxelles. Pour venir, l'inscription est obligatoire auprès de la FDSEA ou JA Sarthe.