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Sécheresse
Les agriculteurs sont très inquiets

Selon les secteurs, l'état d'esprit des agriculteurs est soit à l'extrême inquiétude (dans le sud), soit à une relative sérénité au sujet de la canicule qui accable déjà toute la France.

Pour reprendre Nino Ferrer, au Sud, « le temps dure longtemps ». Or, celui-ci paraît interminable pour les éleveurs de la moitié sud du département, impactés par un fort déficit hydrique depuis la fin du printemps. La carte de l'humeur est vraiment coupée en deux dans le département quand on sonde les agriculteurs. Ainsi Nicolas Bulot, éleveur de laitières à Rouperroux-le-Coquet sur des sols mouillants-séchants (sable et argile), n'est pas le plus pessimiste d'entre eux. « On a eu pas mal d'eau en mai et juin grâce à deux orages. On n'est pas les plus à plaindre dans le département. Les maïs font deux mètres. » L'éleveur de Prim'Holstein et de Brunes n'a pourtant pas recours à l'irrigation. « Certes, l'après-midi, ils sont moins beaux. S'il ne pleut pas dans les quinze jours, les rendements seront forcément affectés. » Cette année, il fera davantage de maïs grain car moins de céréales sont prévues. Concernant le blé, sur les sols superficiels, il était déjà bon à battre la semaine dernière. « Mais dans les terres profondes, les tiges sont encore vertes (le vendredi 27 juin, NDLR) ». Nicolas Bulot est forcément plus inquiet sur la paille. « J'en achète à un voisin céréalier mais cela va peut-être être juste. En stock, je n'ai quasiment plus rien. » Son colza s'annonçait prometteur mais risque finalement de décevoir. Sur la fin de cycle, les graines ont stoppé net leur progression. Consolation, son tournesol était « magnifique dans sa floraison » en fin de semaine dernière.

« C'est une catastrophe »

Du côté d'Alexandre Desiles à Saint-Mars-de-Locquenay, le ton était beaucoup plus alarmiste si bien que le jour-même où nous les contactions, l'agriculteur bio songeait à appeler sa coopérative pour se déconvertir: « C'est une catastrophe. Vu l'état des maïs, si on n'a pas d'eau dans les quinze jours, ils seront bons à ensiler et en décembre, je n'aurais plus rien à donner à manger aux vaches. Et je ne peux rien acheter car je suis le seul en bio dans le secteur. Je me renseigne pour savoir si je peux déconvertir seulement le lait pendant un an. Je pourrais acheter du maïs chez les voisins. En ensilage d'herbe, on a fait deux coupes, et ce n'est même pas l'équivalent d'une bonne coupe. Il faudrait un miracle pour qu'en septembre, on refasse le plein en ensilage d'herbe. » La déception est d'autant plus forte en maïs que c'est la première fois qu'ils étaient « aussi propres ». En quelques jours, leur allure a bien changé avec des feuilles qui sèchent sur pied. Luzerne et trèfle sont également décimés. Alexandre a déjà ensilé 15 hectares de son blé il y a trois semaines de peur de manquer de fourrages et pour faire du méteil. « En grain, cela devrait être correct. »  

Du maïs grain destiné à l'ensilage

A La Chapelle-Saint-Remy, Guillaume est éleveur de moutons et céréalier en irrigation. Son inquiétude se cristallise surtout sur les possibles restrictions d'eau. « Cela gâcherait tout le travail. Je fais pourtant une gestion contrôlée en arrosant de la fin de journée jusqu'au milieu de matinée. C'est juste pour tamponner le déficit. C'est une hérésie d'arroser en plein milieu d'après-midi avec l'évapotranspiration. Et à plus de 32 degrés, le maïs ne pousse plus et se rétracte sur ses feuilles. Si à 18, il ne se rouvre pas, cela devient inquiétant. » Autre point noir pour le jeune agriculteur : le marché international qui ne cesse de s'ankyloser. « Les tarifs plongent, c'est la double pleine. Alors que généralement, lorsque les rendements ne sont pas là, les prix limitent la casse. »

En fin de semaine dernière, ses maïs étaient déjà en fleur, soit quinze jours en avance. « Les rendements devraient être bons mais on va récolter plus sec. » Il va sans doute vendre à ses voisins dans le besoin du maïs destiné au grain en ensilage. « Il faut rester solidaire. » Depuis avril, seuls 15 à 20 mm sont tombés.

Inquiétudes sur la paille

A Crosmières, c'est pis encore. Miguel Bruneau, éleveur, a dû se contenter de deux millimètres lors des derniers orages. « Ils ont dix feuilles et ils frisent. Ils font un mètre de haut et fleurissent. Sur mes vingt hectares en grain, il n'y aura pas une moissonneuse dessus. Je vais en passer en maïs ensilage. » Son autre objet d'inquiétude est la paille. « Je vais devoir en acheter à des voisins mais c'est hors de prix. Déjà, l'an passé, je n'avais pas réussi à faire des stocks car on n'avait pas réussi à semer tout le blé que l'on souhaitait à cause de l'humidité. » En fin de semaine dernière, l'éleveur n'avait toujours pas sorti ses génisses. « Je les sors habituellement après le foin, mais cette année, il n'y a rien derrière. On est déjà parti sur des rations d'hiver. On complémente tout. » Miguel Bruneau espérait tout juste 45 quintaux au lieu de 70 pour son blé, récolté lundi. « Il y a les trous de l'automne et les grains sont tous rabougris. » Comme les trésoreries actuelles de beaucoup d'agriculteurs.   

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