Mobilisation
"Ne consommons pas l'agriculture que nous ne voulons pas produire !"
La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Sarthe étaient en action vendredi dernier pour dénoncer la concurrence déloyale et les incohérences des pouvoirs publics.





Une trentaine d'agriculteurs, accompagnés de quelques tracteurs, ont rallié les grossistes de la Restauration hors domicile (RHD), Metro et Promocash, au sud du Mans. L'objectif principal était de protester contre le projet d'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur et de pointer du doigt les distorsions de concurrence déjà visibles dans nos assiettes. " On y trouve déjà toutes sortes d'origines ! Avec l'ouverture du marché à l'Amérique du Sud, les rayons risquent fort d'être inondés de produits à des prix dérisoires mais avec des standards de qualité beaucoup moins exigeants que les nôtres. Une situation qui risque de mettre nos élevages et nos exploitations en difficulté ! ", a déclaré Alexis Vaugarny, vice-président JA Sarthe.
Contrôles d'origine et " stickage " en RHD
Sur place, les agriculteurs ont mené des opérations de contrôle d'origine et de " stickage ". Le but était d'identifier et d'étiqueter les produits d'origines étrangères, souvent masquées par les simples mentions " UE " ou " Fabriqué/Conditionné en France ", qui trompent clairement le consommateur. Parmi les produits relevés : poulet polonais, bœuf et beurre irlandais et belge, ou encore pommes de terre et légumes des Pays-Bas. Plus inquiétant : la découverte de volaille d'origine thaïlandaise à des prix défiant toute concurrence. " Le consommateur a le droit de savoir ce qu'il mange ! Ces produits sont à tous points de vue -environnemental, social, sanitaire et humain- inacceptables et à l'opposé de ce que l'on nous impose et de notre savoir-faire. Ne consommons pas ce que nous ne voulons pas produire ! ", a alerté Anabelle Chartrain, vice-présidente de la FDSEA.
Le Mercosur, pièce d'un puzzle d'incohérences
Ces accords de libre-échange menacent directement la souveraineté alimentaire et la pérennité des exploitations. Pour la profession, le Mercosur n'est qu'une pièce de plus dans le puzzle des incohérences : " Les distorsions de concurrence sont plus visibles après la censure de la réintroduction de l'acétamipride, pourtant autorisé partout ailleurs... ou les annonces de baisse de 20 % du budget de la Pac ou encore l'augmentation des taxes douanières sur nos produits exportés vers la Chine et les États-Unis, sans parler de l'inondation du marché par les œufs ukrainiens. On exige l'excellence sans nous donner les moyens et en fermant les yeux sur ce qui arrive de l'étranger ! ", a souligné Denis Pineau, président de la FDSEA.
Une mobilisation nationale et déjà des suites sarthoises
Cette action s'inscrivait dans le cadre d'un appel à mobilisation national lancé par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs, avec plus de 80 actions organisées à travers le pays. Cet élan collectif a été entendu, puisque le Premier ministre a reçu ce jeudi Arnaud Rousseau (FNSEA) et Pierrick Horel (JA National).
Sans attendre les annonces, la FDSEA et les JA ont convié les responsables des principaux partis politiques sarthois à un petit-déjeuner de travail ce vendredi 3 octobre à la Maison des Agriculteurs. L'objectif est d'exposer en détails leurs revendications et de les interpeller sur les principaux enjeux européens. D'autres actions sont en cours de réflexion et seront déployées et communiquées selon l'évolution de la situation.