Rencontre
Pac, Mercosur, normes : FDSEA et JA interpellent les politiques
Face à des décisions jugées "incohérentes" et "menaçantes" et dans la continuité de la mobilisation du 26 septembre, la FDSEA et les JA organisaient vendredi 3 octobre une rencontre avec les représentants des partis politiques sarthois.





L'ambiance était à l'alerte. Les agriculteurs dénoncent une distorsion de concurrence criante : des normes de production parmi les plus exigeantes au monde leur sont imposées, tandis que l'Europe continue d'importer des produits qui ne respectent pas les mêmes standards environnementaux et sociaux. La frustration est palpable. La récente censure de l'article 2 de la Loi Duplomb par le Conseil Constitutionnel, qui aurait pu offrir une solution technique temporaire (notamment via l'acétamipride), a été immédiatement suivie par la validation des accords du Mercosur par la Commission Européenne, le 3 septembre dernier. Pour les syndicats, cette séquence illustre un véritable "deux poids, deux mesures" et un signal négatif envoyé à la production française. Le risque de voir la filière viande bovine déséquilibrée par l'arrivée massive de produits sud-américains a été fortement souligné. "On nous dicte comment travailler sans prendre en compte les facteurs extérieurs, le climat, la concurrence, etc. Le combat doit être équitable et avec des moyens en face à la hauteur des ambitions" soulignait Maxime Guimbreteau, président de JA Sarthe.
La Pac, un budget "sacrifié"
Un sujet majeur de la rencontre était le budget de la Pac. L'annonce d'une baisse de budget d'au moins 20 % est perçue comme un coup dur qui mettrait en péril la souveraineté alimentaire de la France et la durabilité des exploitations. "La Pac, autrefois pilier de soutien à la production, est aujourd'hui devenue un outil de chantage à l'écologie", a dénoncé Dominique Rousseau, secrétaire général de la FDSEA.
Les représentants du Rassemblement National (RN) ont affirmé leur soutien au maintien du budget actuel et synthétisé leur vision pour l'agriculture en trois piliers : "permettre, produire et protéger". Les Républicains (LR) ont également exprimé leur soutien total, insistant sur le fait que face à des contraintes "démentielles", les moyens financiers doivent suivre pour ne pas laisser les agriculteurs à l'abandon. Europe Ecologie Les Verts (EELV), tout en reconnaissant les efforts passés et en admettant les difficultés de la transition, a souligné la nécessité et l'urgence d'adapter l'agriculture aux enjeux climatiques. Alexis Vaugarny, JA Sarthe, a précisé : " Le bio, j'y ai cru, j'ai essayé mais j'ai fini par revenir en arrière car... ça ne fait pas vivre !". Un constat appuyé par Denis Pineau, président de la FDSEA : "Il y a une différence entre la volonté des citoyens et celles des consommateurs".
Les jeunes et l'eau : l'avenir en question
Parmi les nombreux sujets abordés, le renouvellement des générations a pris une place essentielle. Bien que les écoles d'agriculture affichent complet, l'absence de perspectives claires mine l'installation. Les syndicats s'engagent à obtenir une ambition forte, notamment en réclamant de consacrer 10 % du budget de la Pac au soutien à l'installation des jeunes.
La question de la gestion de l'eau a également été soulevée. Face à la multiplication des sécheresses, l'accès à la ressource est vital. La revendication se concentre sur une gestion équitable et durable, visant à sécuriser la pérennité des productions, particulièrement pour les modèles de polyculture-élevage, traditionnellement résilients et dominants en Sarthe.
En conclusion de cette rencontre, les représentants des différents partis ont, malgré leurs divergences idéologiques, affiché un soutien de principe aux constats des agriculteurs. Le message des professionnels sarthois aux politiques est unanime : seule une vision stratégique européenne et nationale forte, capable de concilier les exigences environnementales et la réalité économique, permettra de sortir de l'impasse et de garantir un avenir à l'agriculture française.