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« Repeupler
une race menacée »

Eleveuse d'ânes "grand noir du Berry" à Prévelles, Priscil Laurin est la seule étalonnière asine de la Sarthe. Avec une poignée d'autres passionnés, elle s'attelle à sauver une race en sursis, même sur le territoire berrichon. 

D'où est venue cette passion pour les ânes ?

Dans mon enfance, tout a commencé plutôt avec les chevaux. Mon père avait des chevaux de course réformés et on faisait des balades. J'ai fait aussi des études dans le domaine du cheval, à l'AgroCampus de Laval. Mais j'avais en tête d'avoir des ânes. L'opportunité m'est venue d'une cousine de ma mère qui en élevait, et plus particulièrement des Grands noirs du Berry. Et pour mes trente ans, j'ai vu arriver un mâle de six mois nommé Rubis, un cadeau de mon mari. Il est devenu par la suite trois fois champion de France en modèle et allure et un des quinze mâles reproducteurs en France.

Au dernier Salon de l'Agriculture, c'est Jade que vous avez emmenée en présentation. Cette femelle était d'ailleurs la seule représentante de la race. Pourquoi ?

Parce que les éleveurs du Berry sont maintenant âgés et ne font plus reproduire leurs ânesses. L'association française de la race m'a donc demandé de représenter la race à Paris, seulement trois semaines avant le salon ! Mais les rendez-vous les plus importants sont le championnat régional et le championnat de France. Dans l'objectif notamment de démontrer que l'âne n'est pas un animal de compagnie. Trop de gens achètent des ânons parce qu'ils sont tout mignons puis s'étonnent d'être mordus par la suite. C'est parce qu'il n'est pas heureux, n'est pas castré et a besoin de vivre au minimum avec un autre âne. C'est un animal qui s'éduque dès le plus jeune âge et non pas qui se dresse en permanence comme le cheval. Le lendemain de la naissance, je leur mets déjà un licol, je prends leurs pieds. Et par la suite, il n'y aucun problème.

Le grand noir du  Berry est-il toujours en voie d'extinction ?

Oui. Jusqu'au début du 20e siècle, il y en avait beaucoup car ce sont eux qui tiraient les péniches sur le canal du Berry. Ils travaillaient aussi dans les champs pour le labour, dans les maraîchages...  Ils sont à nouveau un peu utilisés comme animaux de trait. J'en ai vendu un pour du travail dans les vignes. Ils sont très polyvalents car ils peuvent être aussi montés, attelés, bâtés. Mon objectif est de contribuer au repeuplement de cette race menacée. L'année dernière, il y a eu 22 naissances en France, dont trois ici, contre douze en 2017 (mais 77 naissances en 1999, ndlr). Nous comptons trois cent ânesses approuvées à la reproduction dont sept chez moi. Elles doivent répondre aux standards de la race et être mises à la reproduction à partir de trois ans. La race a été reconnue il y a trente ans.

Quelle est leur alimentation ?

Foin et paille d'orge, venus d'un ancien agriculteur de Beillé. Je donne juste des compléments alimentaires aux petits et aux mères gestantes. 

Comment faire connaître votre élevage ?

Je vais développer le loisir avec des balades. Il y a plein de chemins vallonnés à Prévelles. Le Transvap passe dans le bourg, il y a le musée des potiers... Je vais demander des subventions pour les Escargolines* car cela coûte cher. Les seules sources de revenus de mon élevage sont les saillies et la pension d'autres ânes, notamment du Poitou.  

Pourquoi dit-on têtu comme un âne ? Il n'y a pas si longtemps, on faisait aussi porter un bonnet d'âne au plus mauvais élève d'une classe... Est-ce justifié ?

Ce sont des clichés. Un âne est très intelligent. S'il n'avance pas sur un chemin, c'est qu'il a analysé la situation comme dangereuse ou alors qu'il n'a pas compris le message de celui qui l'accompagne. Certes, cela peut durer deux heures (rires). Je sors parfois dans le village de Prévelles avec une ânesse. Elle n'a pas peur des véhicules et elle s'est même arrêtée dix minutes au passage piéton ! 

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