« Semer et récolter » : sans
filtre, ni larmes, ni leçons
filtre, ni larmes, ni leçons
L'équipe du film « Semer et récolter » était au CGR de Saint-Saturnin le 6 novembre à l'occasion de la sortie nationale du film documentaire tourné dans le Perche par Eric Le Roch.
Si vous avez envie de voir un film authentique sur l'agriculture, qui ne soit ni larmoyant ni donneur de leçons, nous avons peut-être trouvé la perle rare avec « Semer et récolter ». Tourné dans le Perche, côté eurélien, le film, ou plutôt le documentaire, met en avant le quotidien de 3 familles d'agriculteurs. Car il s'agit bien de cela : « ce n'est pas un film sur l'agriculture, c'est un film sur les agriculteurs », résumait d'emblée son réalisateur Eric Le Roch, lui-même habitant le Perche, à Charbonnières (28). Celui-ci a posé pendant un an sa caméra chez Matthieu, Mathias, François, Victoire ou encore Justine et filmé leur quotidien d'éleveur, de chef d'entreprise, de mécano, de vendeur sur les marchés, mais aussi l'organisation de la vie de famille avec les enfants, le tout au rythme des saisons, des travaux des champs, des événements sur les élevages, des visites de techniciens. Pas de fioritures. Pas de voix off. Rien n'est scénarisé. Rien non plus ne semble caché, comme la désormais célèbre « scène de la césarienne » sur une vache laitière, une scène, avouons le, rarement tournée au cinéma... Filmé entre août 2023 et août 2024, le documentaire a représenté 90 jours de tournage, de jour comme de nuit : « Quand ils m'appelaient, je venais, je tournais, voilà, ça s'est fait très naturellement. Moi je ne suis que le transmetteur de leur réalité. J'ai été nourri, touché et ému de la réalité qu'ils m'ont témoignée, que je ne fais que transmettre. Je n'ai rien mis en scène. » témoignait Eric Le Roch à l'issue de la projection au Mega CGR de Saint Saturnin, dans une salle presque comble, d'au moins 200 personnes, composée, pour un tiers au moins, d'agriculteurs, comme cela avait été le cas quelques jours plus tôt lors des avant-premières à La Ferté Bernard ou encore à Mamers. « Ce film m'a fait beaucoup de bien à réaliser. Il m'a appris beaucoup de choses sur des gens que je connaissais, sur des amis. J'ai partagé une expérience pendant un an, et ça m'a personnellement enrichi » poursuivait-il devant un public conquis.
Un film sur la transmission
Film à petit budget, financé à hauteur de 42 000 € par le Crédit Agricole d'Authon-du-Perche, et accompagné par « des partenaires indirects » comme l'entreprise d'aliments Nouri'vrai, « Semer et récolter » espère bien sûr trouver son public dans les salles obscures, mais pourquoi pas également avoir une deuxième vie dans les écoles. Car même si le documentaire ne cache rien des difficultés quotidiennes et des journées parfois à rallonge de ses « acteurs », la tonalité y reste positive. On y mesure toute la palette de compétences qu'il faut réunir pour exercer ce métier. Mais surtout, on y voit des femmes et des hommes heureux de créer des activités, développer leur entreprise, tout donner pour leur passion de la génétique, partager des moments de qualité en famille, etc.. « Je pense que c'est un film qui peut peut-être donner envie de faire ce métier » se risquait avec pudeur à l'issue de la projection, Matthieu, l'un des agriculteurs qui accompagnait Eric Le Roch pour l'occasion. Et il est vrai que les valeurs de transmission sautent aux yeux quand on regarde ce film, des jeunes enfants qui disent vouloir s'installer à leur tour demain, aux grands parents et même arrières grands-parents qui regardent avec bienveillance la modernité transformer la ferme qu'ils ont toujours connue.
Si le public agricole et rural se retrouvera à n'en pas douter dans les témoignages captés par Eric Le Roch, le public citadin pourrait bien lui aussi être conquis par ce film-documentaire, à l'image de son producteur, un « parisien pur souche », Philippe Braunstein, également présent à Saint Saturnin : « quand j'ai vu les images, en fait il s'est passé quelque chose... J'ai trouvé qu'il y avait quelque chose de très attachant dans ce monde-là, dans les personnages que tu as choisis de mettre en scène, dans la sincérité du propos. J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de valeurs aussi dans ce monde rural, des valeurs comme l'engagement, comme le travail, comme la transmission. Et du coup ça m'a touché ». Tout est dit.