Valennes : l'âme retrouvée
d'une métairie
d'une métairie
La métairie de la Borde des Châtaigniers à Valennes, en Sarthe, a été sauvée de l'oubli grâce à une restauration d'envergure ayant aussi préservé son authenticité.



Les métairies, ensemble de bâtiments et de terres voués à l'agriculture, sont des marqueurs forts de l'histoire agricole. Celle de La Borde des Châtaigniers à Valennes, érigée en deux temps (16e siècle pour la grange et fin du 19e/début du 20e) et regroupant un petit logement de 60 m², une grange en pan de bois de presque 100 m², entièrement en chêne, et une étable de 83 m² avec un four à pain, était menacée d'une lente et fatale destruction sans l'intervention d'urgence et l'abnégation de ses propriétaires Monsieur et Madame Pavy. En effet, le lieu n'était plus habité depuis les années 50 et n'avait pas, de surcroît, été entretenu par ses derniers occupants. La toiture menaçait de s'écrouler. Les travaux ont commencé en 2023 et aujourd'hui, seule l'étable n'est pas encore tout à fait terminée. Et le résultat est somptueux. Pourtant, rien ne fut simple... Beaucoup d'entreprises ayant jugé le chantier pharaonique, voire impossible. Sauf pour l'entreprise Leroux, spécialisée en charpente et couverture à Nogent-le-Bernard, qui a accompli la prouesse de préserver ses boiseries et son architecture d'origine.
« Un acte purement désintéressé » d'un fils d'agriculteurs
Démontés aux trois quarts, les bois ont nécessité quelques retaillages et des pièces neuves ont été rapportées pour établir des greffes sur des bois pourris. De plus, les essences ont été sélectionnées à l'identique : chêne essentiellement, peuplier, tremble pour la charpente et les pans, et du châtaignier pour les bardeaux. C'est toute une façade très abîmée qui a été réparée en atelier.
Les VMF (Vieilles maisons françaises, 400 adhérents en Sarthe) et La Fondation du patrimoine œuvrent pour la préservation du patrimoine bâti et avaient décidé de créer un prix (avec une dotation de 2 000 euros) pour une restauration réussie d'une construction non protégée. C'est donc tout naturellement que Gérard Pavy (92 ans) et son fils Olivier ont été récompensés pour cet « acte purement et noblement désintéressé », selon Antoine Lescop de Moy, délégué des VMF de la Sarthe. « Avec le pilotage de Jean-Claude Pellemoine (vice-président de Maison paysanne de France), et l'entreprise Leroux, le travail réalisé a été exceptionnel. » Antoine Lescop de Moy, également expert en meubles et objets d'art pour l'Hôtel Drouot (Paris) et Sarthe Enchères, confie ne pas connaître de métairies aussi bien conservées en Sarthe: « C'est rare de trouver des bâtiments de ce type, sans transformation. »
Né de parents agriculteurs, Gérard Pavy était destiné à ce métier avant de finalement faire une belle carrière de notaire à Romorantin. Le généreux restaurateur ne revient pas souvent en Sarthe « mais ce bordage qui appartenait à sa famille depuis cent ans. C'était toute son enfance et celle de son fils... » Mais aussi un vestige ressuscité de presque cinq siècles d'histoire agricole de la Sarthe.