Cultures
Agriculteurs et apiculteurs : des intérêts communs
L'ADA (Association pour le développement de l'apiculture) Pays-de-la-Loire encourage les agriculteurs et apiculteurs à travailler ensemble. C'est le cas de Bertrand Vivier, de Chemiré-le-Gaudin, qui héberge une bonne partie des ruches d'Arnaud Guéret (Le Miel d'Arnaud).
Ils se côtoient de très près géographiquement mais, parfois, se connaissent peu. Apiculteurs et agriculteurs ont pourtant bien des intérêts communs : les premiers utilisent les surfaces agricoles lorsque les seconds profitent des pollinisateurs pour améliorer leurs rendements. Bertrand Vivier, éleveur de volailles à Chemiré-le-Gaudin, travaille de concert avec Arnaud Guéret, apiculteur bien connu des marchés sarthois depuis son installation il y a neuf ans, après une première carrière comme mécanicien automobile. Ils ont été invités à l'évoquer lors d'une rencontre organisée par l'ADA et son animatrice Margaux Capillon dans la miellerie Le Miel d'Arnaud - basée dans un bâtiment de 730 m2 à Louplande - et à laquelle ont participé cinq apiculteurs sarthois : Anthony Pelluau (Courtillers), Séverine et Nicolas Bossé (Les Abeilles de Nico à Ségrie), Jean-Marc Donzé (Les Douceurs du Rucher, à Sainte-Jamme) et Ulysse Le Guillerm (Le Grand-Lucé). 80 % des ruchers en hivernage d'Arnaud Guéret sont installés sur la SAU (180 ha) de l'EARL Vivier et, pour le reste, l'apiculteur travaille en grande majorité avec d'autres agriculteurs, "une trentaine en saison, la plupart dans un rayon de dix kilomètres mais aussi dans le Loir-et-Cher, l'Eure-et-Loir et la Mayenne." Arnaud Guéret produit sept miels : printemps (colza), fleur crémeux, acacia, forêt, fleur d'été, sarrasin et lavande, le plus vendu avec six tonnes sur les 18 à 20 tonnes produites au total chaque année. On ne retrouve pas bien sûr cette variété chez Bertrand Vivier mais une bonne partie des autres miels est issue de ses parcelles qui offrent une belle diversité pour les abeilles.
+ 25 % de colza en plus avec les abeilles
Pour certaines cultures, l'agriculteur n'y voit que des avantages agronomiques comme le sarrasin cette année : "Cela a nettoyé ma parcelle, mais cette année, j'ai gagné zéro car tout est parti à la méthanisation." Mais Bertrand Vivier est également sensible à la "cause" des petits insectes : "Il faut penser à leur survie et puis ce sont quand même eux qui pollinisent notre colza et un peu notre blé. On devrait tous travailler avec les apiculteurs qui nous sont voisins." Des études ont démontré que les productions de colza sont rehaussées de 20 % à 30 % avec des abeilles à proximité. Des chiffres approuvés par l'agriculteur de Chemiré-le-Gaudin : "Depuis que je travaille avec Arnaud, je suis toujours autour de 40 quintaux/hectare, au lieu de trente. Sur mes trente à cinquante hectares, cela représente quand même du volume."
Bientôt un miel "Loué"
Le lien entre apiculteurs et agriculteurs devrait se développer à plus grande échelle à l'avenir puisque Arnaud Guéret et, pour l'instant, dix autres professionnels du miel de Sarthe et Mayenne, sont en train de structurer une coopérative dans le but de créer un miel aux couleurs de la marque "Fermiers de Loué". "C'est une façon pour eux de valoriser leur image de marque par le miel et pour nous, de bénéficier de leur nom, souligne Arnaud Guéret. On a déjà fait une phase test l'année dernière dans quatre ou cinq grandes surfaces et cela a marché. On travaille désormais avec une société pour nous représenter dans d'autres GMS, notamment dans la région parisienne où le pouvoir d'achat est plus conséquent. On partirait sur un miel crémeux, avec un minimum de 25-30 tonnes." L'objectif est aussi de renforcer les liens entre "apis" et "agris". "On souhaite participer à la prochaine AG des Fermiers de Loué pour nous faire connaître. Collaborer avec eux nous ouvrirait des portes sur des exploitations avec des cultures intéressantes pour nos miels."