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Bilan des moissons
Aussi mauvais que 2016, avec les surfaces en moins

Les moissons 2024 qui se sont pour la plupart terminées en fin de semaine dernière dans le département, en dehors de quelques parcelles d'orge de printemps, livrent leur bilan définitif : hétérogènes mais dans l'ensemble mauvais.

Aux établissements Férard à Bernay-Neuvy-en-Champagne (nord-ouest du Mans), pas ou très peu de bonnes surprises pour cette moisson 2024. "En blé, ça sera même la plus mauvaise année depuis 20 ans, confie le nouveau dirigeant du négoce privé, Vincent Bernard, avec 30% de collecte en moins". Avec des rendements allant de 40 à 80 q/ha, mais une moyenne de 55, le PS à 75 de moyenne n'est pourtant "pas si mal". En revanche, le gros point noir, c'est la protéine, certaines livraisons de blés étant tombées à des taux de 8,5-9 %, "une qualité qui ne permet même pas de rentrer dans les standards de la nutrition animale, déplore-t-il, et cette question de la protéine va nous obliger à faire du ragréage de lots, ce qui est très rare. Lorsqu'on le fait d'habitude, c'est plutôt pour des problèmes de PS, très rarement pour la protéine". Globalement, le négoce comptabilise un tiers de "bon blé" à 76 - 11, et deux tiers de moins bon en moyenne à 74 - 10,5. Et ce, sans compter la problématique du salissement de certains lots qui pouvaient contenir "jusqu'à 3,5-4 % d'impuretés".

En orge, "nous faisons moins 40 % de collecte en volume" pour les mêmes raisons, mais aussi "parce que dans notre secteur, les éleveurs remplissent d'abord leurs cellules pour l'autoconsommation. Chez nous, l'orge collectée est vraiment une culture de débord de production" explique Vincent Bernard. La bonne surprise viendrait plutôt du colza, "pas si mal dans l'ensemble, avec une moyenne silo à 30 q, pour un volume collecté identique à l'année dernière" masquant toutefois une grande hétérogénéité (de 15 à 45 q) entre les parcelles hydromorphes et les parcelles plus saines.

Hétérogène en rendement et en qualité

Même son de cloche du côté d'Agrial, qui du nord au sud du département, va rentrer en moyenne 35% de volume de blé de moins qu'en 2023, "et peut-être 25% de moins qu'une année normale moyenne" calcule à la louche le directeur de la région Sarthe, Mickaël Leduc. "Au niveau des rendements blé, on va finir proche des niveaux de 2016, qui est restée dans les têtes comme une mauvaise année, et on cumule en plus une baisse de 10 à 12 % de surfaces emblavées". Mickaël Leduc souligne néanmoins comme son confère la grande hétérogénéité qui caractérise cette récolte, tant en termes de rendement que de qualité. Et même si "le contexte pédoclimatique a beaucoup joué avec des sols argilo-calcaires superficiels qui ont pu s'en tirer honorablement s'ils n'ont pas subi trop de lessivage", le responsable de la coopérative avoue que certaines situations sont parfois "difficiles à expliquer" : "Ça nous arrive de descendre à 9 en protéines alors qu'on ne fait que 50 q de rendement et que les apports d'azote ont été respectés".

On l'aura compris, la qualité également laisse à désirer, et là encore, c'est l'hétérogénéité qui prime. "En moyenne Agrial Sarthe, on va finir à 11,4 de protéines mais avec de gros écarts types, et 75,5 de PS" soit juste en dessous de la qualité "exportable" fixée à 76. "Ça va nous amener à faire un vrai travail du grain, notamment pour l'export" explique Mickaël Leduc, qui note toutefois un point positif pour la coopérative : "Nous avons peu de volumes de la récolte 2023 en stock car nous avons plutôt bien exécuté en fin de campagne, mais c'est sûr, cette année, il y aura du blé de qualité fourragère".

En colza, la collecte Agrial Sarthe a été impactée par les rendements, "en baisse d'un bon 5 à 10 q de l'ha en moyenne et avec des écarts allant de 15 quintaux récoltés à l'hectare à 35-40", mais en revanche, les surfaces étaient bien là, en dehors de quelques parcelles cassées en sortie d'hiver. Au final, ça donne quand même "15 à 20 % de volumes en moins" pour la coopérative.

La trésorerie...

Avec des prix qui, s'ils ne se sont pas effondrés à la récolte, se stabilisent autour de 200 € en blé, un niveau bien insuffisant pour compenser chez certains la petite récolte, cette campagne 2024 risque de laisser des traces en termes de trésorerie et de résultats, notamment chez les producteurs spécialisés grandes cultures. Même si, tempère Mickaël Leduc, "nous sommes sur des terres sarthoises de polyculture-élevage, et après plusieurs années de déprise de l'élevage, ça fait du bien de voir des prix qui se tiennent globalement bien dans la plupart des filières d'élevage". Et c'est d'ailleurs l'une des grandes différences avec l'année 2016, année noire où en plus des mauvaises récoltes, la plupart des filières d'élevage avaient connu un effondrement de leurs prix.

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