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Bel décarbone
son outil de production

La fromagerie Bel de Sablé-sur-Sarthe poursuit ses engagements pour réduire son impact carbone et sa consommation d'eau. La chaudière biomasse montée en 2015 fournit désormais la moitié du ratio d'énergies utilisées sur le site.

A Sablé-sur-Sarthe, la fromagerie Bel est un acteur économique incontournable. Le site, issu du regroupement de 4 usines sarthoises et une du Maine-et-Loire, qui fête cette année ses soixante ans, embauche 620 personnes dont 80% à la production. En 2023, l'usine a produit 23 500 t de son produit phare, le Kiri, dont la première recette a été créée en 1966. 

Décarboner la collecte

Dès les années 2010, Bel a adopté une politique de décarbonation face à l'enjeu climatique et pour anticiper les quotas carbones imposés aux entreprises les plus émettrices. Dans le grand-Ouest, où 415 millions de litres de lait issus de 700 exploitations ont été collectés par Bel en 2023, une démarche de réduction de l'empreinte carbone de la collecte a été engagée, avec déjà -9% de CO2 émis en 2022 par rapport à 2021 grâce à divers leviers, notamment l'optimisation mensuelle de la collecte (engendrant une économie de 150 000 km) et la formation des chauffeurs à l'écoconduite. « La collecte représente aujourd'hui 22 ensembles routiers de 29 m3 et 1,8 millions de km par an », décrit Joël Geslin, le directeur de la fromagerie Bel de Sablé. Cette année, l'usine d'Evron (53) est pilote pour l'utilisation de biocarburant XTL (un nouveau carburant non routier composé de 100% de biocarburant), l'objectif étant de réduire de 90% les émissions de CO2 de sa flotte.

Dans cette même logique, Bel conduit depuis 2019 des programmes de replantation d'arbres en lien avec le WWF. Après un « Mécénat Bel-WWF » qui a mené à la plantation de 45 000 arbres dans une quarantaine d'exploitations laitières de l'Ouest dont 10 éleveurs Bel entre 2019 et 2021, un nouveau partenariat WWF-Kiri vise à planter 30 000 nouveaux arbres dans une trentaine d'exploitations Bel d'ici 2025. Les essences sont choisies pour apporter de l'ombrage aux animaux tout en facilitant la pratique du pâturage tournant. Cette action s'ajoute à d'autres programmes d'accompagnement des éleveurs à la réduction de l'impact carbone -ainsi 100% des éleveurs de l'APBO ont aujourd'hui passé leur Cap2ER dont 40 d'entre eux vendent des crédits carbones, 2024 lançant le début du 2ème diagnostic. En 2022, les plans de réduction des émissions de méthane par les animaux, Bovaer et Ecométhane, ont été lancés dans des fermes pilotes.

Une chaudière biomasse de 49 GWh

Si les élevages sont incités à réduire leur emprunte carbone, la fromagerie de Sablé, très gourmande en énergie, a été choisie comme site pilote sur le sujet dès 2010. L'usine, qui est équipée de «  deux chaudières à gaz pour produire la vapeur qui alimente les process de production, les ateliers ou encore les stocks d'emballages  » a fait construire dès 2015 une chaudière biomasse d'une puissance de 49 GWh. « Le talon est aujourd'hui la biomasse et les deux chaudières gaz, toujours en fonctionnement, permettent d'écrêter les pics de charge, pour s'adapter au rythme de fonctionnement de nos ateliers », explique David Planque, responsable énergie du site, qui estime que le système a permis « d'éviter 7000 t d'équivalent CO2 en 2023. » La chaudière fonctionne au bois, dont l'approvisionnement est garanti local par un prestataire. Depuis sa mise en route, la part d'utilisation de la biomasse à la fromagerie n'a fait que progresser pour atteindre, en 2023, 50% du ratio total des énergies, contre 19% de gaz et 31% d'électricité. La fromagerie mûrit le projet d'équiper la chaudière biomasse d'un récupérateur de chaleur sur sa cheminée pour réduire encore la part de gaz dans le ratio, et dans le but d'éviter l'émission de 1 800 à 2 000 t de CO2, soit une réduction de 30 % du tonnage de CO2 résiduel émis par le site.

Côté électricité, Bel s'engage a n'utiliser que de l'électricité verte. Le site de Sablé-sur-Sarthe compte par ailleurs prochainement équiper un de ses parkings d'ombrières photovoltaïques et de bornes de rechargement pour les voitures électriques des salariés. Ce projet, au stade de consultation, « devrait représenter 2 à 4% des besoins du site, et répond surtout à un enjeu d'image.  »

Réutiliser l'eau de Step

Autre gros sujet en cours pour la fromagerie : la perspective de réutiliser l'eau en sortie de sa station d'épuration. « L'année dernière, le site a consommé 600 000 m3 d'eau pour la production, le nettoyage, faire tourner les équipements ou produire de la vapeur  », indique David Planque. Le projet « Reuse » s'inscrit dans la continuité du projet stratégique Wasabel (Water Saving Bel), qui a conduit l'usine a réduire sa consommation globale de l'eau de 20% sur la dernière décennie -soit -60% du ratio eau par tonne de produit fini-, grâce à des leviers multiples : optimisation des process et des circuits de nettoyage, organisation des programmes de production, etc. Sur l'étape de concentration, une partie de l'eau du lait (eau de vache) est également récupérée pour produire de la vapeur.

Pour ce nouveau projet, l'idée est de réutiliser une partie de l'eau issue du traitement des effluents de la fromagerie, soit entre 200 et 300 000 m3 par an potentiels aujourd'hui destinés à rejoindre la rivière Sarthe. La direction du site attend la publication de décrets qui définiront comment cette eau pourra être utilisée (pour le nettoyage par exemple) et pour évaluer sa capacité à le faire.

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