Session Chambre d'agriculture
Des réponses face aux enjeux climatiques
La transition climatique a été le fil rouge de la session Chambre d'agriculture qui s'est tenue jeudi 4 décembre. Le sol et la rotation sont des leviers clés d'adaptation pour gagner en résilience.
La Chambre d'agriculture de la Sarthe a réuni ses élus pour sa session de fin d'année, jeudi 4 décembre. Après le mot d'ouverture du président, Philippe Dutertre, le préfet Sébastien Jallet, qui participait à sa première session depuis sa prise de fonction le 30 juin dernier, est longuement revenu sur les principaux sujets de préoccupation des agriculteurs. La transition climatique a été le fil rouge d'une matinée riche d'échanges et nourrie d'une présentation technique d'Alexandre Hatet, conseiller spécialisé en agronomie, portant sur les différentes façons d'adapter les exploitations aux enjeux climatiques, à l'échelle de la parcelle et du sol.
Dégrèvement de taxe foncière
La session a été l'occasion de faire le bilan d'une année climatique à rebondissements, marquée par un début d'année pluvieux puis une sécheresse s'installant dès le mois de mars pour perdurer tout l'été, avec un épisode notable de grêle sur le Nord-ouest du département. Le préfet, qui a été saisi d'une demande de dégrèvement de la taxe foncière pour les agriculteurs impactés par la grêle et la moindre pousse de l'herbe, a annoncé un dégrèvement de 50% pour les exploitants grêlés sur 4 communes (pour les surfaces déclarées en terres arables au cadastre) et un dégrèvement collectif de 30% suite à l'impact subi sur les prairies en soutien à l'élevage (concernant les terres déclarées en prairies au cadastre), avec pour ces mesures " la possibilité d'une demande de dégrèvement individuelle pour ceux estimant avoir subi des dégâts plus importants. " La Chambre d'agriculture renforce son discours en faveur de l'assurance récolte, bouclier face à ces aléas qui deviennent la norme, avec l'appui du préfet : " la moitié des exploitations souscrit à une assurance multirisque aujourd'hui, ce qui est supérieur au niveau national, mais on peut aller encore plus loin ", a déclaré ce dernier, rappelant que " la PAC vient financer 70% du coût de l'assurance récolte. "
Suspension des études HMUC
La saison estivale a ensuite connu 16 semaines d'arrêtés cadres sécheresse, avec cinq bassins versants en crise au moins une semaine. La pluie de mi-juillet est venue à point nommé soulager les exploitations. Sur le sujet sensible des études HMUC, Philippe Dutertre a rappelé l'obtention par la profession de la suspension de la signature des études finalisées (Sarthe amont, Sarthe aval et Argance) pendant 6 mois. " On ne remet pas en cause les études HMUC qui ont été faites. C'est important d'avoir des connaissances, mais nous sommes étonnés des volumes qui ont été engagés à la baisse pour l'usage agricole : -70 % dans certains bassins, sans se poser la question de l'avenir des agriculteurs et du territoire. La profession s'est mobilisée pour que soient faites des études socio-économiques au préalable ", a rappelé Philippe Dutertre. Sébastien Jallet s'est exprimé en faveur de cette interruption, " conformément à la loi Duplomb qui stipule de ne pas diminuer les volumes sans avoir évalué les impacts. " " La Chambre d'agriculture a un rôle important à jouer pour porter ces études dans un travail cousu main, par unité de gestion, pour trouver des solutions adéquates. "
Le sol, important levier
Le dérèglement climatique perturbe sur plusieurs fronts nos exploitations et la Chambre d'agriculture agit pour apporter des réponses. Comment adapter nos systèmes pour gagner en résilience ? " Le sol, et notamment la matière organique, a la capacité de recevoir, stocker et redonner l'eau aux cultures. Le levier agronomique sera crucial dans la continuité des études HMUC ", a introduit Alexandre Hatet. La Chambre d'agriculture propose des formations en format collectif (groupes) ou individuel, notamment un parcours " mieux connaître mon sol " qui accompagne plus de 40 exploitations par an. Les participants peuvent ainsi réfléchir à reconcevoir leur approche pour gagner en autonomie et en résilience. La salle a été particulièrement attentive à la présentation d'un travail de co-conception visant à reconsidérer la rotation notamment pour moins exporter de carbone. " Le maître mot reste la matière organique qui améliore la structure du sol, régule les flux d'eau -1 gramme de matière organique équivaut à 20 grammes d'eau retenue- et développe la biodiversité, pour un meilleur enracinement, moins d'érosion et une meilleure fertilité. "