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Agi Serre adapte sa stratégie de recrutement

Pierre Leroy et Thomas Ouvrard ont repris en avril 2023 l'entreprise de maraîchage fléchoise Agi Serre. Depuis, ils travaillent à bien communiquer pour mieux recruter localement, et mutualisent leurs forces logistiques et de commercialisation avec leurs exploitations respectives.

Le premier est associé sur le verger familial en pommes et poires à Oizé depuis huit générations, le deuxième conduit avec sa sœur une exploitation en volailles de Loué, céréales, asperges et fraises à Saint-Jean-de-la-Motte. Pierre Leroy et Thomas Ouvrard travaillent depuis dix ans ensemble, la maison Leroy faisant appel à l'ETA Ouvrard pour la conduite des cultures, du semis à la récolte. En mai 2023, les deux voisins ont scellé leurs destins en reprenant la SCEA Agi Serre, entreprise de maraîchage locale cédée par Jean-Pierre Hamard et Yves Gisquet. Le projet de rachat, freiné un temps par la forte hausse du prix du gaz, dont dépend la production de légumes sous serres chauffées de l'entreprise, a dû être reporté plusieurs fois. "C'était un gros dossier, avec un process quasi industriel sur certaines phases, un pôle énergie important. Y aller à plusieurs nous paraissait plus adapté", racontent les associés qui souhaitaient diversifier leurs activités.

Produire et stocker la chaleur

Six mois après la reprise, Pierre Leroy et Thomas Ouvrard marchent dans les pas de leurs cédants qui n'ont jamais cessé de se développer. Agi Serre représente 7 ha de serres chauffées en verre dont 5 ha de tomates et 2 ha de concombres. Les serres sont entièrement chauffées par la récupération de la chaleur produite par 4 moteurs de cogénération, dont 2 ont été mis en route au mois de décembre (au total, 5 MWh). "Cette solution est surtout allumée en hiver, en été juste la nuit ; la chaleur peut être stockée par deux gros réservoirs", précise Pierre Leroy. L'eau est distribuée au goutte à goutte et, en cas d'excès, eau et engrais sont récupérés via une gouttière et réutilisés. "Au départ, on se questionnait car ce type de système est souvent pointé du doigt comme n'étant pas très écologique", confient les associés qui sont rapidement convaincus par cette production, de surcroît conduite en PBI (protection biologique intégrée), sans pesticides et sous label HVE3. "En tomates, un pied mis en place début décembre produit jusqu'à mi-novembre, sans re-semis ni replantation. C'est dire s'il est valorisé !"

Recrutement par simulation

Depuis leur arrivée, les associés ont surtout travaillé sur le double axe de la communication et du recrutement. Ils développement rapidement leur présence sur les réseaux sociaux Facebook et Linkedin pour "faire voir qu'Agi Serre existe et expliquer ce que l'on fait". Ces canaux sont aujourd'hui pour eux une source essentielle de recrutement. "Sur Linkedin par exemple, en parlant de la protection intégrée, nous avons des retours. Etre ainsi visible nous permet d'attirer des profils de salariés cadres comme chefs de cultures."

La SCEA, qui embauche environ 35 salariés permanents mais qui double ses effectifs en période de pointe (à partir du début de la récolte des tomates en mars), renoue aussi avec France Travail (Pôle Emploi) en testant cette année le système MRS (méthode de recrutement par simulation). 90 demandeurs d'emploi sont ainsi venus visiter le site au mois de décembre par l'entremise de l'agence France Travail de la Flèche, dans le but de réaliser une "présélection" de saisonniers. "Le but est de défaire les idées préconçues qu'ils peuvent avoir sur le maraîchage, leur montrer que nous travaillons dans de bonnes conditions : à 20°C, toujours à hauteur d'Homme, avec une bonne ergonomie, sans charges lourdes etc. Des améliorations pour le confort des salariés ont régulièrement été menées par Jean-Pierre et Yves, comme l'installation d'un palettiseur en sortie de ligne de conditionnement". Le dispositif inclut une période de formation de 15 jours prise en charge par France Travail, "une bonne idée pour se laisser le temps entre employés et employeurs". Les serristes espèrent ainsi pouvoir recruter des salariés locaux.

Temps de travail plus long

L'idée des associés est aussi de mutualiser les saisonniers sur les trois structures pour proposer des temps de travail plus long : aux tâches dans les serres peut se coupler, en avril, la cueillette des asperges et des fraises chez Thomas, puis l'éclaircissage des arbres chez Pierre en juin et, après les congés d'été, la cueillette des pommes. "Ils seraient ainsi gardés jusqu'à mi-décembre".

Pour la suite, Pierre Leroy et Thomas Ouvrard voudraient revoir les horaires de travail, en décalant les heures en cas de fortes chaleurs par exemple. Ils réfléchissent aussi à supprimer la tâche pénible de ramasser les feuilles fanées séparées des plants de tomates, qui se retrouvent par terre, par l'installation d'un tapis muni d'un enrouleur pour remonter automatiquement les feuilles.

Diversifier la production

Agi Serre produit aujourd'hui 3000 t de tomates et 1000 t/an de concombres pour un chiffre d'affaires annuel de 4,5 millions d'euros. Les légumes sont conditionnés sur place et vendus à des centrales d'achat, grossistes et magasins, la SCEA disposant de deux camions pour les livraisons en Sarthe. L'idée pour les associés est aussi de réunir les forces logistiques et de commercialisation de leurs entreprises pour réaliser des économies d'échelle.

Côté production, ils projettent de se diversifier : ils testeront ainsi cette année la production de poivrons et d'aubergines, des légumes demandés par leurs clients, et ont fait une demande pour le montage de 2 ha de serres adaptées à la culture des fraises. "Le but est aussi de se diversifier pour qu'en cas de maladies [l'année dernière leurs tomates ont été touchées par une bactérie, engendrant 25% de pertes, NDLR] toutes les espèces ne soient pas touchées". Ils mûrissent enfin un projet de récupération de l'eau des gouttières des serres, avec une solution de stockage.

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